samedi 31 octobre 2020

Re-confinement...

C'est bizarre, on s'y attendait pourtant... mais ce nouveau confinement, moi, je ne le vis pas bien. 

Et pourtant je ne suis pas restaurateur, ni responsable d'une boutique "non-essentielle", privés de clients, de reconnaissance et de revenus. Je ne suis pas étudiante, privée de cours, de potes, de vie sociale à 20 ans. Je ne suis pas infirmière, submergée par la charge de travail et lassée de ne pas être entendue, reconnue. Je ne suis pas intermittente du spectacle, perdue, sans salaire, sans représentation. Je ne suis pas policière, indispensable et pourtant mise en cause chaque jour, malgré ma bonne volonté, ma bienveillance et cette envie de tout envoyer balader. Je ne suis pas une femme battue, cloîtrée seule avec ses enfants et son mari violent. Je ne suis pas sportive, sans salle de sport, sans piscine, sans vestiaire. Je ne suis pas en EPHAD, inquiète à l'idée d'être contaminée par mes proches qui viendraient me rendre visite, mais plus inquiète encore à l'idée qu'ils ne viennent pas. Je ne suis pas seule, sans personne autour de moi, sans autonomie pour me déplacer. Je ne suis pas en appartement, sans jardin, à tourner en rond chez moi. Je ne suis pas musulmane, inquiétée par les propos extrémistes prononcés à mon égard. Je ne suis même pas catholique, anxieuse à l'idée d'aller à l'église pour revendiquer mon culte...

Non, je suis juste enseignante. Je vais donc aller travailler lundi, simplement et sans vague, avec mon attestation en poche, et des élèves qui porteront un masque, ou pas. Je vais aller travailler lundi et faire une minute de silence pour un collègue tué pour avoir cru en la liberté d'expression, mais face à des enfants de 7-8 ans qui ne vont pas comprendre ce que je vais tenter de leur expliquer, car dans mon école, il n'y a pas beaucoup d'enfants musulmans et que je ne veux surtout pas qu'ils se sentent stigmatisés. Je vais aller travailler lundi, comme si de rien n'était, et faire en sorte que mes élèves aillent bien, qu'ils se lavent 100 fois les mains et qu'ils évacuent leurs angoisses, leurs craintes, et jouent en récréation sans penser à ne pas se toucher. Je vais aller travailler lundi avec la sensation que ce monde ne tourne pas rond, qu'on pourrait sûrement changer tout ça mais que, manifestement, on n'en a pas vraiment envie...

Bon week-end, ou pas ?



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